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Bleu : Orange :

Échancrure

"Paysage.Octobre.", premier album d'Échancrure, s'est révélé un album complexe, torturé, et même si on peut concevoir qu'il ne plaisait pas à tous, il avait pour le mérite d'intriguer. Aussi, si ces intrigues vous ont donné soif, un interview avec A. permettra peut-être de lever un peu le voile qui enveloppe cet étrange projet...

1. Hello! Alors pour commencer, pourrais-tu présenter Échancrure, ton projet solo?
Hello. Il y a peu de choses à dire d'un point de vue historique car le projet est très récent. J'ai fondé Echancrure fin 2010 parce que je composais depuis plusieurs années, et qu'à un moment, il a fallu que ça sorte du cadre personnel. Diego d'Atrabilis et moi avons donc mis en commun un morceau chacun pour sortir un split en autoproduction. J'ai ensuite embrayé sur le processus de composition de mon disque, "Paysage. Octobre." (disons P1), qui est en vérité le premier d'une série "Paysage".
Echancrure a tout d'abord pour vocation de partager quelque chose de particulier (au sens, me concernant); mais je désire également expérimenter des choses, faire évoluer la musique, car c'est quelque chose qui me tient à cœur.

2. À quel point et comment retrouve-t-on une partie de toi à travers la musique que tu produis?
Ce disque représente pour moi une œuvre personnelle, propice à l'immersion. J'ai essayé d'y insuffler au mieux ce que je suis, sans m'éterniser forcément sur le registre pathétique qui a tendance à devenir chiant à mourir en musique lorsqu'il est exagéré, ou trop mis en valeur. Echancrure et mes autres projets ne sont pas sérieux! sans être ironiques pour autant. J'essaie seulement d'être transparent, et complet. J'ai conscience que ce que je fais penche plutôt du côté négatif du panel émotionnel, même si comme tu l'as si bien dit "un côté grotesque se dessine". C'est une facette qui sera sûrement mise plus en avant dans les prochaines sorties.

3. Ta musique peut être considérée comme "expérimentale", donc se détachant nettement de la majorité de la musique produite de nos jours. Aussi, quel est pour toi le rôle de la musique? Quelle est son importance dans le monde, et dans ton univers?
Pour le côté expérimental, je renvoie aux autres questions où j'ai déjà développé un peu.
Quant au rôle de la musique, je ne pense pas qu'elle en ait un ! C'est un passe-temps comme un autre. J'en suis simplement un passionné, autant par la création que par l'écoute et la culture qui tourne autour.

4. D'où tires-tu ton inspiration?
Pour ce qui est conceptuel, je dirais que mon inspiration me vient de mon environnement. Autrement, j'ai un goût certain pour la littérature; je lis par périodes. J'admire énormément Céline, qui est sans doute un de mes écrivains favoris. Pour la musique, je me sens forcément influencé par ce que j'écoute durant la période de composition. Je t'avoue que j'ai un peu de mal à répondre à cette question, c'est assez délicat. Lorsque je compose, je n'ai jamais en tête (du moins, consciemment) une source d'inspiration, ni même une image concrète de ce que je veux faire, c'est bien plus spontané. Une grande partie de ma musique provient d'improvisations laissées telles quelles.

5. Parle-nous de l'avenir d'Échancrure.
J'ai énormément de projets musicaux en cours ! Pour Echancrure, il y a 3 disques en phase de composition. Comme je l'ai mentionné plus haut, P1 n'est que le premier volume d'une suite, dont au moins deux autres parties sont à venir sous peu : un EP et un disque. Il y aussi de nombreuses collaborations prévues avec le groupe espagnol Atrabilis. Actuellement Diego s'occupe de son premier disque sur lequel je devrais avoir une place plus ou moins importante (guitare, chant, enregistrement, mixage). Par contre, pour Echancrure, pas de retour au style du split qui est d'ores et déjà révolu; "L'Irréparable" trouvant sa continuité dans mon second projet Galvauder avec, en plus, une touche d'auto-dérision. Je suis en train d'en composer le premier disque. Un split avec deux morceaux est aussi disponible sur Bandcamp (http://galvauder.bandcamp.com/), mais je ne sais pas s'il sortira un jour... les autres groupes ont beaucoup de retard.
Ma priorité du moment reste cependant de trouver un label qui accepterait de sortir "Paysage. Octobre." en CD !

6. Échancrure signifie "Entaille", si je ne me trompe pas, peut-on y voir un certain symbolisme? Pourrais-tu l'expliquer?
Il y a un symbolisme, oui, que je tiens à garder pour moi. Aucun rapport avec les scarifications qu'affichent bon nombre de groupes de black.

7. La couverture de ton premier opus reste énigmatique, et tes morceaux sont anonymes, pourrais-tu nous parler de cet album, de son âme? Comment l'as-tu créé?
La couverture, ainsi que l'ensemble de l'artwork qui sera disponible sur la version physique de "Paysage. Octobre." ont été réalisés par Thibauld Mazire, un peintre que j'apprécie beaucoup. Ses tableaux sont très oniriques, et j'ai pensé qu'ils conviendraient à l'atmosphère de mon disque. Mine de rien, le côté visuel est très important. Je pense qu'il influence en partie notre façon de considérer la musique.
L'idée de la série "Paysage" est d'installer une ambiance qui se prolonge tout au long du disque avec, toujours, cette volonté d'expérimentation. J'ai conçu P1 à partir d'une plage ambiante de 35 minutes que j'ai compartimentée et commentée. J'y ai ensuite greffé plusieurs éléments sonores et musicaux, au fur et à mesure que je composais.
En vérité, le disque n'est pas constitué de plusieurs morceaux séparés, mais bien d'un seul et même morceau-fleuve découpé en 8 parties, d'où l'absence de titres. Le processus de composition est simple : je suis la plupart du temps à cheval sur de nombreux projets. Je compose par petits bouts, quand l'inspiration me vient, j'y passe parfois de longues heures. En tout et pour tout, je crois que la réalisation de P1 de l'écriture de la musique et des textes au mastering a pris environ un mois.

8. On y retrouve plusieurs samples, notamment quelques phrases en français, quels sont-ils, d'où les tires-tu et pourquoi les as-tu choisis?
Ce disque est effectivement truffé de samples, souvent intégrés à la musique. Le sample où l'on entend parler français est un extrait d'une interview de Céline, sur le titre 3; je vous laisse aux joies de l'interprétation, ces paroles peuvent avoir plusieurs sens tirées de leur contexte. Un autre exemple : le bruit comparable à celui d'une alarme qu'on peut entendre juste avant l'extrait de Céline, toujours sur la 3, provient d'un simple glissement effectué sur un violon. Je préfère me réapproprier les samples que j'utilise, sinon je n'y vois pas beaucoup d'intérêt. Seulement, je ne vais pas trop développer cette réponse : il serait idiot de dévoiler tous les secrets du disque !

9. Tu es originaire de France. De nos jours, ce pays connaît une des scènes de black metal des plus vivantes et plus intéressantes au monde (Blut Aus Nord, Deathspell Omega, Peste Noire, etc.). Quel regard portes-tu sur ces compatriotes? Comment vois-tu l'évolution du black metal en France?
Je te rejoins sur ce point, la scène française est à la fois riche et intéressante! Je suis avec le plus grand intérêt les sorties de Celeste, Diapsiquir, Pensées nocturnes et des groupes que tu as cité. J'apprécie tout autant l'ambiance mystique d'un Blut aus Nord que la profondeur d'un Deathspell Omega, ou encore l'humour d'un Peste noire! Je pense que la scène française a beaucoup d'avenir et que la suite des événements risque d'être captivante. Il semble y avoir ici un véritable goût pour l'avant-gardisme! D'ailleurs, hors black metal on trouve de la même manière des artistes très talentueux et originaux : Zone Libre, Casey et Marc Sens, Psykick Lyrikah, Donkishot, Les Marquises, RQTN, pour ne citer qu'eux, tous genres confondus.

10. Aurais-tu un dernier mot, à laisser aux lecteurs de Skartnak et aux hommes de cette terre?
Nom de Dieu !

Interview : Loulou

Plus d'infos :

Label : Autoproduction

MySpace : www.myspace.com/echancrure

Site Web : www.echancrure.bandcamp.com

Site du label : Pas de site

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