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Real Deal

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Interview par e-mail réalisée le 07.10.2008 avec Cesare, le chanteur ainsi que Grant, le batteur de Real Deal

Real Deal

rose Real Deal est un groupe composé de membres venus de trois pays différents, l’Angleterre, l’Italie et la Suisse. Les ayant vu en concert dernièrement, lors de leur come-back après une pause de 15 ans environ, j’étais curieux d’en savoir plus sur ce fleuron de la scène hardcore suisse. Grant et Cesare ont accepté de répondre à mes quelques questions. L’interview a été effectuée par mail et chacun de mes interlocuteurs a répondu de son côté, d’où les quelques répétitions.

Pouvez-vous vous présenter en quelques lignes ? Qui êtes-vous ?
Que faites-vous dans REAL DEAL?

Cesare : Je suis Cesare, je suis le chanteur et j’écris les paroles.
Grant : Je suis Grant et je joue de la batterie.

Pouvez-vous faire un bref historique de votre formation, afin de mieux comprendre votre parcours en tant que groupe ?
Cesare : Le noyau d’origine du groupe a commencé à se former en 1988. Moi et Giulio, notre ancien guitariste, jouions à cette époque dans CRASH BOX (un groupe HC italien basé à Milan). Durant cet été-là, le chanteur de CRASH BOX a quitté le groupe pour des raisons personnelles, c’est alors que nous avons décidé de commencer un nouveau groupe. Je vivais en Suisse depuis quelques mois quand j’ai rencontré Grant, qui venait d’arriver d’Angleterre également. Nous avons commencé à parler de musique et nous avons découvert que nous avions beaucoup de goûts en commun, il a donc rejoint le groupe presque immédiatement. Nous avions tous les deux des postes de travail difficiles, et après le travail nous allions à Milan pour répéter. Parfois, nous revenions à Locarno vers 1 heure du matin et je devais me lever à 4h30 pour retourner à mon boulot, qui consistait à nettoyer des bus crades, soit dit en passant. C’était le début de REAL DEAL. Quelques mois plus tard, nous étions déjà en train d’enregistrer notre première démo à Turin, avant d’être contactés par Far Out Records, qui nous voulaient sur « Avalanche 2 ». C’était une compilation super de groupes suisses, et ça nous a permis de connaître des gens cools comme PROFAX et beaucoup d’autres personnes de la scène de Lucerne et de celle de Zürich. En 1990, nous avons enregistré notre album au studio de la Dynamo à Zürich, et jusqu’à la fin de l’année 1992, nous avons joué en Italie, en Suisse, en Autriche et en Allemagne. Nous avons joué avec des groupes super comme SNUFF, CRO-MAGS, YOUNG GODS et NEUROSIS. C’était une belle période ! Mais nous avons splitté à la fin de l’année 1992 pour des raisons personnelles, mais je crois que moi et Grant, ainsi que Maurizio (le bassiste) et Giulio (l’ancien guitariste) n’avons pas oublié cette expérience. Et maintenant, nous sommes de retour, à l’exception de Giulio, qui a été remplacé par Stefano, un autre grand ami à nous. Et nous sommes toujours prêts à faire du bon hardcore, je pense.

Grant : Nous avons commencé à répéter en tant que groupe en 1989, mais le concept même est né en décembre 1988 quand Cesare et moi nous sommes rencontrés à Locarno. Je venais de déménager en Suisse et je cherchais à former un nouveau groupe. Cesare jouait de la guitare dans le groupe de hardcore italien CRASH BOX, avec Giulio, mais ils voulaient faire quelque chose de différent, un groupe avec un style plus agressif, exactement ce que je voulais faire ! Donc voilà où nous en étions, Cesare au chant, moi à la batterie, et Giulio à la guitare. Nous n’avions pas de bassiste au tout début alors nous avons demandé à Mila (un bon ami à nous) de compléter le groupe, mais il s’est vite ennuyé après quelques répétitions. Ces premières répétitions se tenaient à Locarno dans une cave où DINOSAUR JR a joué une fois. Ensuite, Cesare a demandé à son frère Roberto s’il voulait se joindre à nous étant donné qu’il était déjà un bon bassiste, il a accepté, mais désormais nous devions aller à Milan pour répéter. C’est à ce moment que le groupe a commencé à vraiment bien fonctionner et à gentiment bosser les chansons présentes sur le premier album. Cesare et moi-même finissions de travailler à Locarno à 17 heures avant de prendre la route pour Milan, puis de traverser la ville.

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Qu’est-ce qui vous a poussé à reformer le groupe ?
Est-ce en lien avec l’état de la scène actuelle ? Ou plutôt en réaction avec ce qui se passe dans la société actuelle ? Ou autre chose ?

Grant : Rien ne nous a vraiment poussé, c’était juste un de ces moments comme au début, vraiment, le besoin d’un changement, cette fois un changement radical pour moi…Je n’avais pas joué dans un groupe pendant plus ou moins une année (après avoir eu des gros problèmes de dos) et le fait de jouer de la batterie dans un groupe me manquait vraiment. J’avais quitté mon ancien groupe depuis plus d’une année, parce que je n’étais plus motivé à continuer de jouer dans des groupes de rock locaux sans tranchant. J’ai grandi en jouant dans des groupes de punk et de hardcore et il y avait toujours quelque chose de plus que de la musique, un message qui était transmis avec la musique, qu’il soit politique, spirituel, positif ou négatif, il y avait toujours un message. Et pendant ce laps de temps où j’étais inactif musicalement, je n’arrêtais pas de me dire que si je devais jouer à nouveau dans un groupe, ça devait seulement être quelque chose que je voulais vraiment faire, sans aucun compromis ! C’est ainsi qu’un jour de mai, l’année passée, je suis allé voir MATAMACHETE à Lugano. Ce groupe était en fait composé des autres anciens membres de REAL DEAL avec divers autres musiciens, mais c’est vraiment le projet personnel de Maurizio. Ils sont aussi vraiment bons, à découvrir ! Bref, à peu près une semaine après ce concert, Cesare m’a appelé pour me dire qu’il voulait vraiment reformer REAL DEAL, et il m’a demandé si j’étais intéressé à participer…J’étais un peu surpris, mais je n’ai pas eu à réfléchir trop longtemps et j’ai donc accepté. C’est aussi certainement aussi une réaction à ce qui se passe dans le monde aujourd’hui et, j’imagine, à ce qui ne se passe pas dans la scène hardcore…Il me semble qu’il n’y a plus de protestation, ni de jeunesse énervée qui remet en question l’autorité. Tout est considéré comme acquis et simplement accepté. Bien sûr, il se pourrait que je me trompe et que je ne sois pas au courant de tout, et si c’est effectivement le cas, j’espère être corrigé.

Cesare : Après notre séparation, je suis passé par différentes étapes dans ma vie, mais je n’ai jamais arrêté de jouer. J’étais dans un autre groupe (un de ceux-ci était le sous-estimé KICKSTAND, dans lequel Stefano jouait de la guitare), mais il me manquait toujours quelque chose. Puis, l’année passée, Maurizio m’a donné le DVD « American Hardcore ». Je l’ai regardé, et ce fut comme un choc électrique ! J’ai réalisé ce qui m’avait manqué durant toutes ces années…l’impact féroce, le son discordant du vrai hardcore. Quand nous jouons, c’est comme si on ridait sur une vague violente avant de plonger dans un putain de maelström sombre…c’est une sensation fantastique et je ne veux plus jamais que cette sensation me manque. Les étapes suivantes étaient évidentes : j’ai appelé Grant et je lui ai demandé s’il voulait me rejoindre dans cette aventure. J’ai dû être tellement convaincant que Maurizio et Stefano, qui sont comme des frères pour moi, nous ont rejoint presque instantanément. Et maintenant, nous y sommes, nous y restons !

Vous avez récemment joué à Lucerne, en compagnie de BITTER END, MELTDOWN et 50 LIONS. Comment s’est passé ce concert ?
Quelles impressions gardez-vous de cette expérience ?

Cesare : Nous voulions nous tester nous-mêmes sur une scène avec ce nouveau line-up et nous étions très curieux de voir si notre musique pouvait avoir un bon impact…et le soundcheck a suffi pour réaliser que nous étions encore en vie et en forme, haha ! Nous nous sommes bien entendu avec les autres groupes, en particulier avec BITTER END…ce sont des gars géniaux et ils font de la musique vraiment très solide.

Grant : Je pense que ça s’est vraiment bien passé et je suis sûr que les autres gars du groupe seront d’accord avec moi. J’ai été plutôt surpris par notre performance, qui s’est passé bien mieux que je ne l’avais imaginée. C’était très spontané de notre part, ce qui est toujours cool. C’était bien de jouer les nouvelles chansons pour la première fois, bien que beaucoup de gens présents ne connaissent même pas nos anciens morceaux. L’impression globale que j’ai eue de ce concert était que nous pouvons toujours décoiffer en live et aussi nous faire plaisir. L’ensemble de la soirée a renforcé ma motivation à continuer et je me réjouis de faire d’autres concerts.

Sachant que REAL DEAL a été principalement actif au début des années 90, n’aviez-vous pas un peu peur de vous sentir en décalage avec la plupart des gens qui forment la scène locale actuelle ?
Grant : Absolument pas, nous plaisantions à ce sujet et le faisons toujours de temps en temps, mais nous sommes tellement plus convaincus par ce que nous faisons que ça (ce genre de préoccupations) effleure à peine nos esprits. Et aussi, il faut se rappeler que, même si nous n’avons pas toujours été actifs en tant que groupe, chacun de nous a continué à être impliqué dans la scène hardcore d’une façon ou d’une autre, que ce soit en allant à des concerts ou juste en écoutant la musique. C’était juste génial d’être là, c’était comme un retour à la maison !

Cesare : Je ne pense pas que ce sera un problème. En tout cas, pas pour moi.

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Que faites-vous dans la vie à côté du groupe ?
Grant : Plusieurs choses, je suis marié et récemment je suis devenu le papa d’un petit prénommé Joshua…ensuite j’ai aussi un job à plein temps et quand je trouve un peu de temps (très rarement…), je fais quelque chose en lien avec la musique, que ce soit du travail de production, quelque chose pour mon label ou quelque chose pour le groupe. J’ai mon propre studio d’enregistrement, donc habituellement je m’active là-bas.

Cesare : Je travaille comme tous les autres dans le groupe. Nous avons des vies bien chargées et c’est difficile de trouver du temps pour répéter, enregistrer et jouer. Mais cela a toujours été une caractéristique de REAL DEAL, et nous nous y sommes habitués. Lors de mon temps libre, je regarde beaucoup de films (surtout japonais et coréens) et je lis des ouvrages politiques et sociaux.

J’ai lu quelque part que REAL DEAL était constamment comparé à CRO-MAGS autrefois, et que cette comparaison avait tendance à vous agacer. Pourtant, c’est plutôt flatteur, non ?
Cesare : Musicalement parlant, c’est clair ! J’adore CRO-MAGS (en particulier les deux premiers albums) et un des meilleurs moments dans ma « carrière » musicale a été de partager la scène avec eux à Zürich. Mais à part peut-être pour quelques-unes de nos chansons, je ne pense pas que nous ayons tant que cela en commun, même pas sur le plan musical. Nous avons juste une guitare, nous ne jouons pas de solos, etc. Et même si j’approuve le côté très « straight in your face » des paroles, je n’ai jamais été en accord avec la dimension orientée Krishna. Pour moi, la religion n’est jamais une solution.

Grant : Ouais, ça arrivait souvent, tout particulièrement dans les chroniques et les interviews, mais c’était aussi presque toujours à connotation positive. Je pense que ça a fini par m’ennuyer personnellement parce que j’ai toujours considéré que REAL DEAL a sa propre touche, sa propre personnalité en tant que groupe, et je suis plutôt fier de cela. Cesare a sa propre voix, très unique, et sa propre façon de chanter, et je pense que c’est une de ces choses qui nous démarquent des autres groupes.

Grant, tu es britannique, sauf erreur. Dis-moi, j’ai cru comprendre que la Grande-Bretagne a vécu des années difficiles dans les années 70 et 80, faisant notamment face à de gros problèmes de chômage. Je sais que c’est de l’histoire ancienne, mais j’aimerais savoir comment c’était de grandir là-bas dans ces années-là. Penses-tu que tu te serais intéressé au punk rock et au hardcore dans un autre contexte ?
Grant : Ces époques ont été dures et bien que tout était dur, qu’il n’y avait pas de travail, ni même de perspective de travail, etc., c’est grâce au punk rock et au hardcore que bon nombre d’adolescents en Grande-Bretagne ont été sauvés dans ces années-là ! Je ne peux pas imaginer à quoi la vie aurait ressemblé sans la musique à cette époque. C’était le seul truc que j’adorais et ça m’a ouvert les yeux, élargi mes horizons et appris bien plus que n’importe quel parent ou institution éducative aurait pu m’apprendre. Je vivais punk rock et hardcore nuit et jour, au même titre que beaucoup d’autres gamins du même genre. Nous avions l’habitude de partager nos maisons, nos squats et nous voyagions à travers le pays, en faisant de l’auto-stop un peu partout pour aller aux concerts, nous retrouvions des centaines d’autres kids comme nous, qui vivaient dans des situations similaires. Nous nous faisions des amis partout, nous logions dans leurs maisons, nous échangions nos adresses, nous nous arrangions entre nous pour des concerts, puis ils venaient chez nous, pour voir les concerts qui avaient lieu dans notre ville…il y avait un réseau de gens énorme, avec tellement d’idées à partager, à échanger.

Toujours dans le même registre : il est courant d’affirmer que le punk était un milieu dangereux (peu sûr) au début, où il y avait beaucoup de violence, et certains ont l’air d’en être fiers. Pour moi, il me semble justement important d’en faire un endroit sûr et accueillant, dans le sens où cette scène est bien souvent considérée comme une sorte de refuge pour bon nombre de gens. La vie n’est pas toujours facile de nos jours…alors pourquoi se la rendre encore plus dure, au nom d’une soi-disant crédibilité punk ? Quel est ton avis sur le sujet ? Vois-tu ce que je veux dire ?
Grant : Oui, je vois exactement ce que tu veux dire…il y aura toujours de la violence, c’est juste un fait de la vie. Tu dois savoir comment t’y prendre, simplement en s’en éloignant, en ne pas s’impliquant directement, car finalement c’est vraiment stupide. Mais, quand c’est dirigé contre toi pour une raison ou une autre, ça peut être difficile de ne pas être directement impliqué et il se peut que tu doives te défendre toi-même…il y a des idiots partout et leur nombre semble croître jour après jour à mes yeux. Autrefois, les idiots qui répandaient la violence étaient habituellement des imposteurs qui venaient juste foutre la merde, comme des skinheads de droite ou des rednecks qui avaient un peu trop bu. Une des raisons qui m’a poussé à m’éloigner de cette scène puis à quitter l’Angleterre était la violence, ainsi que les drogues. À ce stade de ma vie, je ne connaissais plus personne qui ne prenait pas de drogue. Difficile à y croire, mais vrai. Que quelqu’un qui était présent à l’époque dont je parle soit fier de l’excès de violence qui régnait, ça me déconcerte, je ne comprends tout simplement pas. Ces gens n’ont juste rien appris du tout de la vie.

Cesare : La violence est tout autour de nous. Je parle de violence physique, psychologique et sociale. Ce serait naïf de penser que juste faire partie d’une « scène » peut être une sorte de refuge. Quand j’étais plus jeune, être un punk à Milan et écouter du punk, ça voulait dire être menacé et agressé dans la rue par des gens qui n’avaient pas la moindre idée de ce que le punk était. Le punk n’était pas violent, après tout. C’était juste un reflet de la société nihiliste et désespérée dans laquelle nous vivions. Aujourd’hui, le punk est une blague, et certains abrutis sont dans le hardcore juste pour montrer à quel point ils peuvent être machos. C’est vraiment drôle. Ok, tu es fort et méchant, tu peux casser la gueule à tout le monde dans le moshpit. Pourquoi ne pas passer au niveau au-dessus ? Fais un voyage en Afghanistan et fais de ce monde un meilleur endroit en marchant sur une mine, espèce de trou du cul !

Parlons un peu de votre unique LP ! Pourquoi avoir choisi la photo d’un singe pour la pochette de l’album ? Y a-t-il une signification spécifique derrière cela ?
Grant : Personnellement, je ne me rappelle pas d’où l’idée est venue, mais c’est possible qu’elle soit venue de Dario, qui était alors notre bassiste. Je suis certain que Cesare se souvient par contre…Je me rappelle que nous étions en accord sur ce choix et nous étions tous enthousiastes par rapport à cela. Nous aimions l’expression agressive que le mandrill montrait, ça correspondait plus ou moins à ce que nous voulions exprimer à travers notre musique à cette époque. C’est assez marrant, parce que tout le monde se souvient de cette pochette.

Cesare : Ha ouais, la pochette…nous voulions quelque chose de simple mais efficace, quelque chose qui pouvait représenter notre approche de la musique. Quelque chose de vivant et de féroce. Le mandrill enragé était parfait, nous aimons toujours cette pochette, et peut-être que nous utiliserons de nouveau le mandrill, c’est devenu notre mascotte.

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Sur l’album, les paroles semblaient être essentiellement axées sur les frustrations, ce qui m’a rappelé des paroles d’autres groupes. Est-ce qu’un groupe comme BLACK FLAG (et en particulier quelqu’un comme Henry Rollins) vous a influencé et encouragé à aborder un thème aussi intime ? Si non, qu’est-ce qui vous a inspiré ?
Cesare : Ma propre vie m’inspire. Je n’ai pas besoin de regarder bien loin pour trouver une source d’inspiration. Le côté personnel de mes paroles reflète évidemment ma vie, mon approche de la vie. J’ai toujours été à la limite de devenir asocial, parce que j’étais guidé par la frustration et la colère. La musique m’a simplement sauvé la vie. Je n’ai jamais cherché à soulager ma peine par le biais des drogues, la musique a toujours été ma seule drogue. Me sentant isolé du monde autour de moi, la musique est devenue ma seule façon de communiquer. Donc dans mes paroles, c’est mon côté plus sombre qui est mis en avant et qui crie pour être entendu, que cela plaise ou pas. Bien sûr, j’aime l’approche claustrophobe et nihiliste de la vie que Henry Rollins expose dans ces livres (j’en ai lu plusieurs) et ces paroles, mais je crois que chacun a sa propre vision de la vie et de sa propre histoire.

Dans la chanson « From Above », tu sembles attaquer la religion en général. En même temps, les mots utilisés dans ce morceau sont très crus et dépeignent une vision de la vie très déprimante. Peux-tu nous éclaircir sur le sujet ? Vous considérez-vous comme des athées, des agnostiques ou autre ?
Cesare : Je suis athée. Je ne crois pas en Dieu, et je respecte les personnes religieuses tant qu’elles me respectent. Je ne les comprends pas, mais je peux respecter leur choix tant que ces mêmes personnes n’essaient pas de foutre la merde dans ma vie. Les religieux ont parfois tendance à prêcher, ils veulent t’enseigner ce qui est juste ou faux. Je sais par moi-même ce qui ne va pas dans ce monde sans lire quoique ce soit comme livre de fables. La religion n’est rien d’autre qu’un écran qui peut détourner ton regard de ce qui est vraiment mauvais. Qui en a quelque chose à faire de l’enfer ou de la vie après la mort ? L’enfer est déjà là ! C’est notre seule vie, et je ne veux pas la passer à prier, c’est clair. Je peux avoir la foi en l’être humain, parfois je suis émerveillé par sa capacité à faire des bonnes choses, à respecter et aimer autrui. Mais en même temps, je vois beaucoup de gens qui s’engagent à voler et détruire notre monde, des gens qui se considèrent comme de bons chrétiens, juifs ou musulmans. Parler de l’influence qu’a la religion sur l’homme est un peu déprimant, tu ne trouves pas ?

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Qu’en est-il de ton approche lyrique aujourd’hui ? A-t-elle évolué ou est-ce que ces frustrations restent omniprésentes, comme il y a 15 ans en arrière ?
Cesare : Je pense que mes paroles suivent deux directions distinctes : une personnelle et l’autre plus politique. Des fois, ces deux directions se chevauchent, car c’est ce qui se passe dans la vie réelle. Tu ne peux pas séparer ton existence et tes sentiments sur ce qui se passe autour de toi, dans la société. D’une certaine façon, nous sommes tous des produits de cette société, et c’est quelque chose que toute cette merde autour de nous essaie de nous faire oublier. Nous nous sentons frustrés et évidemment pas intégrés dans ce monde fou régi par des criminels, mais chaque jour l’agression consumériste essaie d’effacer, d’anéantir ta conscience. Le prochain gadget « tellement cool » t’assurera une nouvelle semaine d’inconscience merveilleuse, donc pourquoi te soucier de ce « fascisme amical » qui règne autour de toi ? Ce genre de frustration empire jour après jour, tout le monde devrait réaliser que nous sommes au bord d’une catastrophe globale, mais personne ne semble s’en préoccuper. J’ai décidé, il y a longtemps, de refuser de perpétuer l’espèce humaine. Pas d’enfant, pas de descendant, je ne vais pas engendrer un esclave de plus. À propos, les putains de capitalistes vont semer ce qu’ils ont récolté plus vite qu’ils ne l’imaginent. Plusieurs nouvelles chansons sont focalisées sur ce thème, comme « Temple Of Dirt », « Hidden By Blood » ou « Bury Your Idols ». Mais il y a aussi plus de paroles personnelles, comme « Born Hostile » ou « Dead Man Talking ». Peut-être que je n’ai pas tant évolué que cela après toutes ces années, après tout.

Quels sont vos projets futurs ? J’ai entendu que vous alliez sortir un nouvel album. Et aussi, prévoyez-vous de faire des concerts ces prochains mois ?
Grant : Nous allons en effet sortir un nouvel album. En fait, nous sommes en train d’écrire les quelques dernières chansons pour l’album, que nous espérons enregistrer avant la fin de l’année. Entre-temps, nous travaillons sur des enregistrements que nous espérons inclure sur un 7’’ qui sortira en décembre. Ça devrait être un split avec mon propre label, Pro Anti Records, et Insurrection Records, d’Angleterre. En ce qui concerne les concerts, nous essayons déjà d’organiser quelque chose pour l’année prochaine…on espère que notre album sera déjà sorti pour le promouvoir.

Cesare : Ouais, nous voulons sortir un nouvel album tout bientôt. Je pense qu’il sera intitulé « Born Hostile », et nous avons presque fini d’écrire les nouvelles chansons. Je pense que nous pourrons enregistrer dix ou onze tout nouveaux morceaux, plus une nouvelle version de « Worse Things Than You » et une reprise. Peut-être de HUSKER DU, j’ai toujours adoré ce groupe.

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Qu’écoutez-vous aujourd’hui ? Y a-t-il des groupes que vous aimeriez recommander ?
Grant : COLISEUM, THE HOPE CONSPIRACY, HIGH ON FIRE, MODERN LIFE IS WAR, MASTODON…Un groupe que j’aimerais recommander, c’est CRASS…bien qu’ils ne correspondent sûrement pas à la jeunesse et aux styles d’aujourd’hui, leurs paroles valent vraiment la peine d’être lues. Un autre groupe moderne que j’aimerais recommander est BLOODCLOT. John Joseph écrit toujours des paroles qui incitent à ouvrir les yeux et la musique est « heavy as fuck » !

Cesare : J’écoute des genres de musique très différents, ça va du rap brésilien à l’electronica. Pour se limiter au hardcore, dans mon lecteur MP3 en ce moment, tu peux trouver BLACKLISTED, BLOODCLOT, CONVERGE, THE HOPE CONSPIRACY, THESE ARMS ARE SNAKES et DIE KREUZEN. Et je recommanderais DEADGUY et KISS IT GOODBYE, deux groupes énormes des années 90.

Pouvez-vous donner votre Top 5 des meilleurs albums de tous les temps ?
Grant : BAD BRAINS – ROIR Sessions
CRO-MAGS – Demo (Before The Quarrel)
ANTISECT – In Darkness There Is No Choice
THE RUTS – Tout
RUDIMENTARY PENI – Death Church

Cesare : Mon Dieu, c’est la question la plus difficile de toutes ! C’est impossible d’y répondre…tout ce que je peux dire, c’est que dans les années 80, j’ai traversé une période très sombre de ma vie, et même la musique m’a abandonné. J’étais déprimé pour des raisons personnelles. Je souffrais de dépressions nerveuses et de ce genre de trucs. Un album m’a sauvé la vie et m’a donné la force de jouer et de me battre à nouveau : c’était « Age Of Quarrel » de CRO-MAGS.

Une dernière question : souhaiteriez-vous ajouter quelque chose ? Quelques commentaires
Grant : Oui, merci à toi Bastien pour l’interview. Ça a été un plaisir de répondre à tes questions bien pensées.

Cesare : Je suis d’accord avec Grant, merci pour l’interview, c’est une des meilleures qu’on ait fait. Et si quelqu’un est intéressé, s’il vous plait, contactez-nous ici : www.myspace.com/realdealhxc Ce fut un plaisir de répondre à tes questions, et nous espérons te croiser à nouveau à un de nos concerts tout bientôt.

Interview : Bastien

Plus d'infos :

Label : Autoproduction

MySpace : www.myspace.com/realdealhxc

Site Web : Pas de site

Site du label : Pas de site


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Liste des commentaires :

marco

Hardcore oui, mais suisse aussi!!!!!

Posté le : 16.11.2008 à 23:31

lionel

eh mais j'ai rien dit sur le hardcore suisse...effectivement ya plein de bons groupes en ce moment, surtout vers la côte veveysanne où ça s'agite bien, et même si Solid Ground vont s'arrêter (bouuuhouuuuh snif) on ne peut qu'encourager notre scène nationale!!

Posté le : 30.10.2008 à 11:51

bastien

Merci et de rien! Mais là...j'ai de la peine à vous suivre, avec vos insinuations et ironies qui n'en sont peut-être même pas...
La "scène suisse", s'il y en a une (et donc si on peut la désigner ainsi), comporte à mon avis de super groupes, intelligents, talentueux et sincères, que ce soit en Romandie, en Suisse allemande ou au Tessin!
Encore une fois, c'est avec plaisir que je lis vos réactions, ça fait chaud au coeur de savoir qu'il y a d'autres gens qui s'intéressent à un groupe comme Real Deal, et cela au-delà de l'aspect purement musical! Attendez-vous à d'autres interviews tout bientôt (et sûrement d'autres groupes suisses)!

Posté le : 24.10.2008 à 18:17

lucas

merci pour la découverte, il est vraiment bon ce groupe!! et je dirai one last chance comme groupe intelligent dans le hardcore actuel en suisse. ahahah

Posté le : 24.10.2008 à 11:28

lionel

ouais vraiment bien cette interview, et effectivement beaucoup de jeunes (et moins jeunes en fait...) devraient découvrir Crass et lire leurs paroles!!

Dommage qu'il n'y ait pas plus de groupes aussi intelligents dans le hardcore actuel.

Posté le : 23.10.2008 à 19:31

bastien

Merci beaucoup Xavier! Mais ce sont les réponses qui font la différence! :-)
A bientôt!

Posté le : 08.10.2008 à 17:00

xavier

bravo pour l'interview, les questions sont vraiment bien!!! faut que jecoute ce groupe!

Posté le : 08.10.2008 à 16:26

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